Plus de 114 milliards de vêtements ont été fabriqués en 2019. C’est deux fois plus qu’il y a 20 ans et nous les portons en moyenne deux fois moins longtemps. Le recyclage de vêtements est donc devenu une priorité dans ce contexte de surconsommation. Cependant, nous ne pouvons nous reposer sur cette seule solution qui s’accompagne de dérives.
Le recyclage, comment ça se passe ?
Dans le recyclage, on peut distinguer deux types de déchets textiles :
- Les chutes de tissus qui sont faciles à recycler car en bon état,
- Les vêtements qui sont plus difficiles à recycler car usés et souvent composés de plusieurs types de fibres.
Les vêtements sont d’autant plus compliqués à recycler car la qualité diminue d’années en années.
A savoir : dans les 56,5% de vêtements qui sont dits réutilisés, une grande partie finira en déchets à l'étranger.
Aussi, le plus souvent, le tri est effectué par des industriels en France ou à l’étranger comme la Belgique.
Par exemple, la Croix Rouge s’occupe de la récolte et elle revend ensuite les vêtements récoltés pour un prix de 13 centimes le kilo à un industriel.
Les dérives du recyclage
Le dimanche 19 décembre est sorti le reportage “Où finissent nos vêtements ?” réalisé par Hugo Clément. Ce documentaire met en lumière le devenir de nos vêtements une fois déposés dans les bornes de collecte ainsi que les solutions qui sont en train de se développer pour limiter l’impact de la surconsommation.
Dans ce documentaire, on y découvre la finalité du recyclage de vêtements. Plus de la moitié des vêtements sont exportés. Une des destinations principales est l’Afrique et notamment le Ghana.
Les impacts de cet export massif sont :- Des difficultés pour les marques qui produisent des vêtements localement à se développer à cause des faibles prix des vêtements importés.
- La pollution des plages et de l’océan car 40% des vêtements importés finissent en déchets.
De plus, les personnes qui achètent ces vêtements ont observé une baisse significative de la qualité en plus de vêtements souvent abîmés qui sont donc difficiles à revendre.
Les alternatives pour rendre le recyclage de vêtements vraiment optimal
A l'échelle des consommateurs :- S'orienter vers des sites de revente comme Vinted et Leboncoin ou de dons comme Geev car on sait que les vêtements seront portés.
- Faire du troc avec ses amis .
- Donner directement aux boutiques solidaires.
- Réparer ses vêtements ou leur donner une seconde vie en leur donnant une autre fonction : éponge tawashi, chiffon pour la poussière ...
Ces solutions sont à envisager quand le vêtement a déjà été acheté et porté. En amont, il est aussi possible d'agir en achetant des vêtements avec des matières qui résistent dans le temps et avec moins d’impact pour l’environnement. On peut aussi privilégier des pièces intemporelles dont on ne se lassera pas.
A l'échelle des entreprises :
- Privilégier les tissus respectueux de l’environnement comme le coton bio, les tissus recyclés et upcyclés.
- Produire moins en limitant le nombre de collections.
- Produire des vêtements qui durent dans le temps que ce soit par le choix des matières ou le style.
- Produire de manière circulaire c'est-à-dire en réduisant la consommation et le gaspillage des ressources et la production des déchets.
Les acteurs qui font bouger les choses
En mode Climat est une alliance de marques, usines, médias, organismes réunis pour lutter contre le réchauffement climatique liés au secteur de la mode.
Elle propose plusieurs actions pour réguler le marché dont :- Une obligation pour les marques de prendre en charge la gestion des déchets de leur industrie, via la collecte, le recyclage ou le réemploi.
- Avoir une TVA plus juste en diminuant celle appliquée à la revente d'articles de seconde main ou issus de réemploi.
A partir de 2022, la destruction ou l'incinération d'invendus non-alimentaires seront interdites. Les invendus devront être donnés à une association ou recyclés. Le but étant de responsabiliser les entreprises et de les inciter à produire moins.
Dans le documentaire, une solution révolutionnaire est présentée. Il s’agit des “Filatures du parc” qui a inventé une machine pouvant séparer les fils des vêtements composés de plusieurs matières pour créer de nouvelles fibres. Il serait donc possible de recycler tous types de vêtements. D'ailleurs, chez MAT, nous avons le gilet Lise en laine recyclée de la marque française Mariannette qui a été réalisé par les Filatures du parc.
Même si le développement de telles technologies est encourageant pour l'avenir, le recyclage de vêtements est une solution incomplète. Il est surtout essentiel d'apprendre à mieux et moins consommer pour réduire les quantités de vêtements dans le monde.