Pourquoi choisir des vêtements fabriqués en Europe ?
Chez MAT, nous sélectionnons des marques dont les vêtements sont fabriqués en Europe. Pourquoi ce choix ? Nous avons à cœur de mettre en avant le savoir-faire d'artisans locaux. Nous souhaitons aussi répondre à des enjeux environnementaux et sociaux qui seront détaillés dans la suite de l’article.
Une délocalisation de l’industrie textile
A la naissance de la mode soit au 16ème siècle, les vêtements étaient fabriqués en Europe. D’ailleurs au 20ème siècle, 60% de l’industrie manufacturière textile se situait en Angleterre. La France n’était pas en reste avec comme grande région textile le Nord-Pas-de-Calais.
Le premier changement majeur apparaît en 1950 avec l’arrivée des nouvelles fibres synthétiques produites hors Europe.
Le deuxième changemement qui marqua un grand tournant dans l'industrie textile est la création en 1990, en Chine, de clusters où des entreprises et des centres logistiques mutualisent leurs compétences pour améliorer l’efficacité de la filière. Bien évidemment, les services proposés ont des faibles coûts de production et de main d'œuvre.
Enfin, c’est l’arrivée de nouveaux business models à l’image de Zara dans la fin des années 90 qui achève le développement des usines de vêtements fabriqués en Europe. C’est l’émergence de la FAST FASHION.
Désormais la majorité des vêtements que nous trouvons dans les magasins européens ont été importés hors Europe.
Les deux principaux pays importateurs en 2018 étaient :
- La Chine avec 32% soit 27 milliards d'euros,
- Le Bangladesh avec 19% soit 16 milliards d'euros.
Des vêtements fabriqués en Europe pour diminuer l'impact environnemental
1,2 milliard : c'est la quantité en tonnes de CO2 émise par l’industrie textile chaque année. Son impact est plus important que les vols internationaux et le trafic maritime réunis. (Source : International Energy Agency, Energy Climate Change and Environment, 2016)
De plus, l’industrie textile est responsable de 2% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Ces quantités de CO2 sont dues aux nombreuses étapes présentes dans le cycle de vie d’un vêtement.
Schéma issu du livret "Le revers de mon look" réalisé par l'ADEME.
Les étapes de filature, tissage, ennoblissement et confection génèrent des quantités très importantes de CO2. Cependant, ces émissions sont plus faibles pour des vêtements fabriqués en Europe en comparaison avec la Chine comme on peut le voir sur le graphique.
Graphique issu de l’étude du cabinet Cycleco "Empreinte carbone du textile en France" demandée par l'UTI (Union des Industries Textiles).
L'étape de distribution c'est-à-dire de transport se fait généralement en cargo sur des milliers de kilomètres contrairement aux vêtements fabriqués en Europe dont les trajets sont bien plus courts. Ce transport en cargo depuis l'Asie laisse de nombreuses traces sur son passage :
Pollution de l'eau : marées noires avec le déversement d'hydrocarbures.
Pollution de l'air : le gaz d'échappement et l'utilisation de carburant rejettent des gaz toxiques.
Perturbation de la faune marine : pollution sonore et collisions entre navires et animaux marins.
Comparaison des émissions de CO2 pour un trajet Chine-France vs Portugal-France
Cette comparaison montre que malgré une quantité de CO2 supérieure par tonne-kilomètre en camion vs cargo, les vêtements fabriqués en Europe génèrent bien moins de gaz à effet de serre. Un trajet Chine-France en cargo génère jusqu'à 11 fois plus de CO2 qu'un trajet Portugal-France en camion !
Cependant même si le coût du carburant augmente, il est toujours plus avantageux financièrement de transporter sur des longues distances les vêtements que de les fabriquer en Europe. Les coûts de main-d'œuvre étant bien moins importants dans la plupart des pays en dehors de l'Europe.
Des vêtements fabriqués en Europe pour des conditions de travail respectées
L’effondrement du Rana Plaza en 2013 à Dacca qui a fait 1127 morts a révélé au grand jour les conditions déplorables de travail dans ces ateliers de confection. Cette catastrophe a mis en lumière le danger de la FAST FASHION et de la production à bas coût.
Depuis, la situation ne s’est guère améliorée car pour 8 heures de travail quotidiennes, 6 jours par semaine, les travailleurs gagnent en moyenne 66$ alors qu’il faudrait un minimum de 367$ mensuels pour vivre au Bangladesh. Cependant, le Bangladesh n’est pas le seul pays où les droits des travailleurs sont bafoués.
La confédération internationale syndicale a réalisé une synthèse sur l’indice CSI des droits dans le monde. Cet indice permet de classer 139 pays dans des catégories de 1 à 5 en fonction du degré de respect des droits des travailleurs. La cotation 1 étant la meilleure et 5 la plus mauvaise c’est-à-dire une absence totale des droits des travailleurs.
Cet indice permet d'éclaircir le niveau de violation des droits de certains pays. Dans l’étude 41 pays sont considérés dans la zone Europe pour une note globale de 2,51. Quant à la zone Asie-Pacifique composée de 23 pays, elle possède une note de 4,17.
Acheter des vêtements qui ne sont pas fabriqués en Europe, c'est potentiellement encourager :
Travail des enfants
Non respect des normes de sécurité
Bas salaires
Néanmoins, si vous achetez hors Europe, les vêtements peuvent être fabriqués dans de bonnes conditions. Pour cela, il est nécessaire de vérifier les labels. Chez MAT, nous avons une seule marque qui ne produit pas en Europe, MUD Jeans, qui fabrique leurs jeans en Tunisie. MUD Jeans est certifiée B Corp depuis 2015. Pour qu'une entreprise soit dite B Corp, elle doit répondre à certaines exigences notamment en termes de performances sociales et énvironnementales. De plus, les ateliers de confection possèdent le label GRS (Global Recycled Standard) qui permet de garantir des conditions de travail respectueuses.
Ce label garantit des textiles recyclés avec le respect de critères environnementaux et sociaux. Pour les exigences sociales, on retrouve entre autres :
- Interdiction du travail forcé,
- Interdiction du travail des enfants,
- Liberté d'intéger un syndicat,
- Horaires de travail controlés.
WARNING PRIX
Les marques qui décident de proposer des vêtements fabriqués en Europe rémunèrent plus justement les travailleurs. Logiquement, cela se répercute dans le prix de vente. Si ce n’est pas le cas, c’est qu’il y a anguille sous roche.
La crise du covid a révélé les conditions de travail d’ateliers de confection de la ville de Leicester en Angleterre. Jusqu’à 80% de la production des ateliers de la ville sont destinés à une marque connue de la FAST FASHION. Les témoignages récoltés par l’ONG Labour behind the label évoquent des salaires compris parfois entre 2 et 3 livres de l’heure et des bâtiments vétustes non sécurisés. Même si des vêtements sont fabriqués en Europe, il faut toujours se méfier des prix trop attractifs !
Acheter des vêtements fabriqués en Europe, c'est donc réduire de manière significative les émissions de CO2. Quant aux conditions de travail, on a pu voir que ce n'est pas aussi simple. On peut retenir que :
- Fabriquer en Europe a un coût qui doit forcément se retrouver dans le prix de vente.
- Regarder les labels est important d'autant plus quand la fabrication est hors Europe.
Mais que de manière générale, les vêtements provenant d'Europe ont plus de chance d'avoir été fabriqués dans de bonnes conditions de travail.